Une nouvelle tendance étrange envahit les réseaux sociaux : des vidéos absurdes, bourrées d'effets visuels chaotiques et de dialogues en pseudo-italien générés par IA. Ces contenus, surnommés "Italian Brainrot", fascinent autant qu’ils inquiètent.
Savez-vous si vos enfants sont déjà tombés sur ce type de contenu ? Derrière leur apparence inoffensive, ces vidéos cachent des risques bien réels : contenus trompeurs, liens malveillants, manipulations par IA.
Cet article vous explique tout sur ce phénomène viral, comment l’identifier et surtout, comment vous en protéger efficacement.
1. C’est quoi le "Italian Brainrot" exactement
Le "Italian Brainrot" est une tendance virale apparue sur TikTok et Instagram Reels, regroupant des vidéos courtes à l’esthétique volontairement chaotique : des dialogues qui ressemblent vaguement à de l’italien, mais ne veulent absolument rien dire, et des images générées par IA dans un style visuel glitché, souvent proche du cauchemar numérique.
Par exemple, une vidéo typique montre un homme à tête de pizza dans une Fiat volante, récitant des phrases comme « Scrombolo ventini balazza » pendant qu’un opéra explose en fond. Le tout est conçu pour donner l’impression que « votre cerveau fond » — d’où le terme brainrot, littéralement « pourrissement du cerveau ».
Née dans les sphères anglo-saxonnes, cette tendance s’est rapidement exportée en France, où l’on parle désormais de "brainrot italien" pour désigner ce genre de contenu absurde et hypnotique.
2. Comment "Italian Brainrot" sont-ils générés
Ces vidéos sont générées presque entièrement par des outils d’intelligence artificielle, dans un processus automatisé qui mêle création visuelle, vocale et diffusion virale.
Des modèles linguistiques comme ChatGPT ou ElevenLabs génèrent des dialogues au faux air d’italien : ça sonne bien, c’est fluide… mais c’est du pur charabia.
Des générateurs vidéo tels que Runway, Pika ou Kaiber créent les visuels : des visages qui fondent, des décors instables, des objets sans logique. Kaiber, par exemple, transforme une simple image fixe en séquence animée surréaliste.
Souvent, les créateurs utilisent des scripts pour publier ces vidéos à la chaîne, testant différents formats pour capter l’attention. Plus c’est bizarre, mieux ça marche. Mais derrière cette apparente absurdité se cache une logique très précise : l’engagement farming.
Certains comptes utilisent ces vidéos pour générer artificiellement des likes, commentaires et partages — et parfois redirigent les spectateurs vers des liens non sécurisés, des concours piégés ou des plateformes douteuses. Bref, des pièges déguisés en pizza parlante.
3. Pourquoi ce type de contenu peut être dangereux
À première vue, ces vidéos semblent simplement absurdes ou divertissantes. Pourtant, elles cachent des risques bien réels, surtout pour les jeunes utilisateurs.
Ces contenus attirent fortement l’attention des adolescents grâce à leurs visuels colorés, leur rythme rapide et leurs sons répétitifs. Une fois captivés, les utilisateurs cliquent souvent sur des liens associés, sans méfiance.
Or, certains de ces liens redirigent vers des sites de phishing qui se présentent comme des plateformes de téléchargement de jeux, de musiques ou de filtres, mais qui cherchent en réalité à voler des informations personnelles ou à infecter les appareils avec des malwares ou du malspam.
D’ici 2024, plus de 500 000 vidéos deepfake circuleront sur Internet, rendant ces attaques encore plus difficiles à repérer. Par ailleurs, 90 % des fuites de données commencent par une attaque de phishing, avec un nombre d’incidents passant de 210 000 en 2022 à 550 000 en 2024. L’efficacité des attaques de phishing assistées par intelligence artificielle a augmenté de 78 % selon Google Threat Analysis Group.
De plus, certaines vidéos intègrent discrètement des QR codes ou des invitations à rejoindre des groupes privés sur Telegram ou Discord, où la modération est limitée. Ces espaces peuvent devenir des vecteurs d’escroqueries, de contenus inappropriés ou d’incitations au partage d’informations sensibles.
Enfin, les algorithmes des plateformes comme TikTok favorisent la viralité de ces contenus, en recommandant largement les vidéos courtes et captivantes, même si elles sont trompeuses ou potentiellement dangereuses.
En résumé, derrière leur aspect absurde, ces vidéos peuvent constituer une porte d’entrée vers des arnaques numériques sérieuses.
4. Comment reconnaître un contenu généré par IA
Face à la montée en puissance de ces contenus étranges mais viraux, il devient essentiel de savoir les identifier. Voici quelques indices pour repérer une vidéo générée (ou amplifiée) par intelligence artificielle :
- Langue incohérente ou artificielle : les vidéos "Italian brainrot" sont typiquement en faux italien — une suite de mots qui sonne juste, mais qui ne veut rien dire. Cela peut également concerner d'autres langues pseudo-naturelles.
- Images instables ou surréalistes : visages qui fondent, objets qui flottent sans raison, mouvements robotiques ou transitions trop fluides sont des signes révélateurs de contenus générés par des outils comme Pika ou Kaiber.
- Répétitivité anormale : mêmes personnages, mêmes animations ou mêmes schémas narratifs utilisés encore et encore — un symptôme d'une production automatisée à grande échelle.
- Absence d’auteur identifiable : de nombreux comptes qui publient ce genre de vidéos n’ont ni bio claire, ni lien vers des réseaux sociaux personnels, ni aucune forme d’identité cohérente.
- Liens externes douteux : la présence de QR codes non expliqués, de liens vers des plateformes externes (Telegram, "jeux gratuits", "musique exclusive") est un drapeau rouge. Soyez particulièrement vigilant si ces liens sont placés en commentaire ou dans la bio.
5. Comment se protéger et protéger vos enfants
Pour les adultes et ados : adopter les bons réflexes numériques
Les contenus générés par IA ne sont pas forcément dangereux en soi — c’est leur usage détourné qui pose problème. Voici quelques gestes simples à adopter au quotidien :
- Évitez de cliquer sur les liens ou QR codes non vérifiés, même s’ils sont intégrés à une vidéo “drôle”.
- Prenez l’habitude de vérifier l’auteur d’une vidéo : bio floue, contenu répétitif, absence d’interactions humaines… sont souvent des signaux d’alerte.
- Installez un bloqueur de malwares sur votre navigateur ou votre appareil mobile.
- Restez critique face au contenu : si quelque chose vous semble étrange ou trop “parfait”, prenez du recul.
Pour les parents : encadrer l’exposition de vos enfants
Les enfants et adolescents sont les cibles principales de ce type de contenu, car ils sont plus sensibles à la nouveauté et à l’esthétique virale. Pour limiter les risques :
- Utilisez le contrôle parental proposé par les plateformes, mais aussi des outils tiers capables de détecter les contenus IA ou suspects.
- Discutez régulièrement avec vos enfants de ce qu’ils regardent en ligne : leur apprendre à reconnaître les contenus douteux est tout aussi important que de les bloquer.
- Surveillez les liens partagés dans les commentaires ou stories, même sur des comptes qu’ils suivent depuis longtemps.
- Privilégiez des outils de supervision discrets et respectueux comme Msafely, qui vous aident à détecter les comportements anormaux sans espionner.
Conseil bonus : si votre enfant tombe sur un contenu étrange ou troublant, encouragez-le à vous en parler sans peur ni jugement. La prévention passe avant tout par la confiance.
6. Ce phénomène du “brainrot italien” est-il unique
Pas du tout. Le “brainrot italien” n’est qu’un exemple parmi une vague de contenus viraux générés (ou amplifiés) par intelligence artificielle, mêlant esthétique absurde, codes visuels TikTok et logique algorithmique.
Parmi les autres phénomènes similaires, on peut citer :
- Skibidi Toilet : une série de vidéos ultra-saccadées avec des têtes humaines dans des toilettes chantantes — incompréhensible mais massivement populaire chez les ados.
- Sludge content : des vidéos empilant plusieurs contenus (jeu + recette + ASMR) pour surstimuler l’attention.
- Sigma memes : des montages célébrant des “personnalités alpha”, souvent avec un style froid, généré ou recyclé automatiquement.
Tous ces formats ont en commun :
- Un contenu délibérément chaotique, voire incompréhensible ;
- Une très forte viralité, notamment chez les jeunes publics ;
- Une facilité de duplication via IA, rendant la production quasi illimitée ;
- Et une capacité à détourner l’attention et à manipuler subtilement le comportement de l’audience.
Ce type de contenu représente aujourd’hui un nouveau défi pour la cybersécurité, car il brouille la frontière entre divertissement, manipulation algorithmique et attaque potentielle (phishing, redirections cachées, groupes à risque).
7. Conclusion
Le "Italian Brainrot" est un reflet étrange de notre époque : à la croisée du divertissement, de la technologie et de la manipulation. Derrière son apparence comique se cachent des risques bien réels, surtout pour les plus jeunes.
En apprenant à reconnaître les signes d’un contenu IA et en utilisant des outils comme Msafely, chacun peut continuer à profiter du web… sans se faire piéger par ses dérives.